B.Lebrun : « Coordonner tous les facteurs qui englobent la performance du joueur »
Équipe première15 octobre 2025
15 octobre 2025
Arrivé à l’ESTAC en début d’année 2025, Benjamin Lebrun a pris les rênes du département performance. Aux côtés de Stéphane Dumont, qu’il connaît bien, il coordonne l’ensemble des acteurs qui œuvrent autour de la performance des joueurs. Entretien.
Pour commencer, peux-tu revenir sur ton parcours avant ton arrivée à l’ESTAC ?
Je suis un pur universitaire. J’ai obtenu une licence STAPS à Reims, puis un master à Dijon en préparation physique. Après mes études, j’ai passé huit années au centre de formation du Stade de Reims, des U19 jusqu’au Groupe Pro 2. En 2021, j’ai eu l’opportunité de rejoindre l’En Avant Guingamp aux côtés de Stéphane Dumont. Nous avons travaillé trois saisons ensemble, durant lesquelles j’étais responsable de la préparation physique. Mon aventure en Bretagne s’est terminée à l’été 2024, et j’ai rejoint l’ESTAC en février 2025. J’ai tout de suite eu de bons échanges avec Antoine Sibierski, et le coach connaissait déjà bien ma méthode de travail. Et puis, revenir ici avait du sens pour moi puisque je suis originaire de l’Aube !
Qu’est-ce qui t’a motivé à rejoindre le projet troyen ?
Je cherchais un projet ambitieux, et celui de l’ESTAC cochait toutes les cases. J’avais aussi le sentiment que je pourrais évoluer avec des personnes partageant les mêmes valeurs de travail que moi — à commencer par Stéphane Dumont, avec qui je suis ravi de poursuivre la collaboration. Et puis, revenir à Troyes, là où vivent ma famille et ma belle-famille, c’était la cerise sur le gâteau. Je n’ai pas mis longtemps à me décider !
Tu connais bien le coach pour avoir travaillé avec lui à Guingamp. En quoi ce lien a-t-il compté dans ton arrivée ici ?
On a toujours gardé contact après notre expérience commune à Guingamp. Je pense que cette relation de confiance a facilité mon intégration. C’est une vraie chance de pouvoir poursuivre mon parcours aux côtés d’un coach que je connais humainement et professionnellement.
Concrètement, quel est ton rôle en tant que Directeur de la Performance ?
Mon rôle est de coordonner tous les leviers qui influencent la performance individuelle du joueur : récupération, prévention, développement athlétique, réathlétisation, etc. Je fais le lien entre les différents experts qui interviennent autour du groupe et le staff technique. L’objectif, c’est que le travail de chacun serve le projet de jeu du coach. Puis on ne gère pas de la même manière un joueur de 34 ans et un jeune pro de 18 ans, donc il faut adapter, personnaliser, anticiper.
À quoi ressemble une journée type pour toi ?
La journée commence par un briefing avec tout le staff performance pour faire le point sur les états de forme et les priorités du jour. On prépare ensuite la séance : activation, réathlétisation, séance terrain. J’anime la préparation physique et les échauffements, tout en gérant la logistique et la régulation des charges. Après l’entraînement, on débriefe, on fait le point sur les retours des joueurs et les données du jour. Tout cela nous permet d’ajuster la planification hebdomadaire pour optimiser les états de forme avant les matches.
La partie “physique” n’est pas toujours la plus populaire auprès des joueurs. Comment les fais-tu adhérer ?
J’échange beaucoup avec les joueurs pour qu’ils soient parties-prenantes de leur projet. Mon rôle, c’est de les accompagner sur tous les plans. Aujourd’hui, le travail en salle et la prévention sont entrés dans les habitudes. Et même quand on travaille sans ballon, on garde toujours à l’esprit que c’est au service du jeu. Puis il faut admettre que quand les résultats suivent, la dynamique aide à faire passer les séances difficiles.
Peux-tu nous présenter ton équipe ?
Le staff performance compte treize intervenants, entre salariés et vacataires : j’en suis le directeur, puis on a les préparateurs physiques (Samuel Alvarez-Castro et Théo Guimard), le médecin (Léo Gillery), les kinés (Raphaël Delpech, Maxime Girard, Jules Janin, Stéphane Puech), la secrétaire médicale (Elodie Collin), l’ostéopathe (Julien Menuelle), la podologue (Marie Mangot), le préparateur mental (Régis Bogaert) et le diététicien (Alexandre Plotton).
Mon rôle est d’articuler leur travail, de coordonner les interventions selon les besoins et les disponibilités.
Comment ton travail s’articule-t-il avec la vision de jeu de Stéphane Dumont ?
On échange en permanence sur la façon dont il veut que son équipe joue. À partir de là, j’organise les séances pour que les joueurs puissent reproduire à haute intensité les efforts exigés par le projet de jeu. Mais les besoins sont différents selon les postes, et surtout selon le profil du joueur. Certains peuvent manquer de volume, d’autres d’intensité… A nous de trouver les bons leviers pour rendre le joueur le plus complet possible.
Tu évoques les données. Quelle place occupent-elles dans ton travail ?
J’ai commencé mon parcours professionnel au moment où les datas sont apparues dans le milieu. On pourrait difficilement faire sans aujourd’hui. Il ne faut pas en être prisonniers, mais elles nous apportent des informations précieuses, notamment grâce aux données en live. On doit s’en servir pour être plus précis et pointus dans l’individualisation du travail. Également, les joueurs répondent à un questionnaire chaque matin pour évaluer la qualité de leur sommeil, leur état de forme, leurs éventuelles douleurs musculaires… On en parle ensuite au briefing avec le staff et on régule éventuellement les séances selon les retours. Puis on a aussi une évaluation post-séance sur leurs ressentis, puisqu’il peut parfois y avoir une différence entre la charge externe (ce que le joueur produit sur le terrain) et la charge interne (comment le joueur l’a ressenti). L’objectif est de déceler d’éventuels décalages pour ensuite harmoniser la gestion de la charge d’entraînement du joueur.
Tu parlais des données que tu reçois en live. Les utilises-tu lors des matches pour conseiller le coach ?
Je dispose des données en live lors des entraînements et des matches. Si on les utilise effectivement lors des séances, notre fonctionnement est différent en match. J’ai les infos, mais le coach souhaiter garder « son œil ». Un de nos joueurs peut en effet être fatigué, mais peut-être également que son adversaire direct l’est, et encore plus. C’est le coach qui reste décisionnaire. Et je trouve cela normal !
Qu’as-tu découvert à ton arrivée à l’ESTAC ?
Je trouve que l’ESTAC est très bien structurée, avec de nombreuses ressources à notre disposition. Je trouve aussi que le staff est bien composé. Le club fait ce qu’il faut pour qu’on soit dans les meilleures conditions de travail, avec le support du CFG en cas de besoin.
Quels ont été tes premiers chantiers ?
D’abord, observer et identifier les leviers d’amélioration. Beaucoup de choses fonctionnaient déjà très bien, mais on a peaufiné certains détails : process de séances, communication, coordination. On a aussi stabilisé le secteur médical en intégrant un médecin à temps plein, ce qui est une avancée importante.
Enfin, comment te sens-tu aujourd’hui dans ton nouvel environnement ?
Très bien ! J’ai été très bien accueilli, que ce soit par le staff performance, le staff technique ou l’ensemble du club. L’intégration a été fluide, dans un moment où la dynamique du club allait dans le bon sens. On travaille dans un climat d’exigence et de plaisir, et les résultats renforcent cette cohésion. Je remercie Antoine Sibierski et Stéphane Dumont pour leur confiance.