Féminines : entretien avec Marion Stepien

Féminines : entretien avec Marion Stepien

Alors que nos féminines se déplacent ce dimanche après-midi à Caen dans le cadre de la 6ème journée de D3, on a rencontré Marion Stepien – doyenne de l’équipe et vice-capitaine – qui travaille également chez Derichebourg Facility, partenaire officiel de l’équipe professionnelle masculine et sponsor officiel de l’équipe féminine.

 

Marion, raconte-nous ton parcours et ton arrivée au club !

« Déjà, il faut savoir que je suis une pure Troyenne ! J’ai commencé le foot à 6 ans à Saint-André-les-Vergers, où j’ai joué avec les garçons jusqu’en U15. J’appréciais jouer avec eux mais après 15 ans, je n’avais plus le droit. J’ai donc rejoint l’Estac, qui était le seul club à disposer d’une équipe féminine. Cela fait désormais 14 ans que je suis au club. »

À 29 ans et après 14 ans au club, tu es désormais la doyenne de l’équipe.

« Oui c’est vrai ! Dès mon arrivée à l’Estac, j’ai joué avec les seniors. J’étais la plus jeune, et je jouais avec des filles qui ont l’âge que j’ai aujourd’hui. Maintenant, c’est l’inverse : c’est moi la plus ancienne ! Avec la capitaine Charlotte Bertholle, on essaie d’apporter notre expérience, de rassurer les jeunes qui arrivent dans le grand bain, et surtout de maintenir l’esprit de groupe qui sera fondamental pour chercher des points. »

 

Chercher des points, justement, c’est l’objectif premier dans les semaines à venir après des débuts compliqués dans un championnat particulièrement relevé ?

 

« Bien sûr. Il faut savoir que ma première saison au club correspondait à la dernière saison de la D3. Elle a ensuite été supprimée plusieurs années jusqu’à sa réinstauration cette saison. Le niveau de la D3 est largement meilleur aujourd’hui, en raison de l’évolution du football féminin. On affronte des filles qui ont déjà joué en D2, voire D1, et qui ont une expérience que l’on n’a pas. Donc c’est effectivement difficile, mais on s’y attendait. Maintenant, la saison est longue et il y a encore beaucoup de points à aller chercher. Match après match on apprend, on essaie de retenir les leçons et ça va finir par payer. On a joué beaucoup d’équipes du haut de tableau, il va désormais falloir débloquer le compteur face à des équipes plus à notre portée pour prendre confiance et se remettre dans la course. »

 

Quels sont les ingrédients nécessaires pour prendre des points d’après toi ?

« Le plus important est de ne pas baisser les bras. Après, on a un effectif stable par rapport à la saison dernière, on connaît toutes les points forts de chacune et il faut s’appuyer dessus. Puis on dispose d’un bon esprit d’équipe qu’il faut conserver. Le match de ce dimanche à Caen, qui vient de perdre face à une R1 en Coupe de France, est important. Il faut chercher quelque chose pour lancer véritablement notre saison. »

En plus d’être joueuse à l’Estac, tu es également assistante au bureau d’études chez Derichebourg Facility, partenaire officiel de l’équipe professionnelle masculine et sponsor officiel de l’équipe féminine, la tienne. Ton arrivée chez Derichebourg a-t-elle un lien avec le fait que tu joues à l’Estac ?

 

« Lors d’une journée pour les droits des femmes, une réception était organisée dans les loges du Stade de l’Aube, avec la présence des femmes de chez Derichebourg. J’y ai croisé une amie que j’avais connue lors de mon BTS qui y travaillait, je lui ai dit que je cherchais un emploi et elle m’a donné l’adresse email de la personne en charge des ressources humaines. Je souhaitais un CDI mais eux ne pouvaient me prendre qu’en alternance, donc j’ai trouvé une formation, effectué un master en alternance pendant deux ans et je suis aujourd’hui en CDI chez Derichebourg Facility. »

 

Est-ce que ta présence dans l’entreprise a modifié l’intérêt de tes collègues envers le foot féminin et l’équipe féminine de l’Estac particulièrement, et qu’est-ce que ça représente pour toi de travailler pour une entreprise impliquée pour le développement de ton équipe ?

 

« Gérard Jouault, directeur régional de Derichebourg Facility, était déjà très impliqué. Il adore le foot et l’Estac. Même s’il s’intéressait déjà au foot féminin avant mon arrivée, son intérêt s’est décuplé depuis que je suis là. Lui, comme tous mes collègues d’ailleurs, se tiennent informés de mes résultats et de l’actualité de l’équipe chaque semaine. De mon côté, c’est une grosse fierté d’avoir le nom de mon entreprise sur mon maillot quand je joue, et parallèlement de travailler pour une entreprise qui aime l’Estac et son équipe féminine. »

Mais si tu travailles chez Derichebourg, c’est parce que la D3 n’est pas considérée comme un niveau professionnel, malgré l’investissement que vous consacrez au football. Comment arrives-tu à concilier le football avec ton emploi ?

 

« Honnêtement, c’est très difficile de jongler entre ma semaine de 35h, les quatre entraînements par semaine et le match du week-end. Ça nécessite beaucoup d’organisation et de mental car ça fatigue, surtout qu’on a aussi d’autres choses à gérer en tant que femme. Et encore, je m’estime chanceuse d’avoir une entreprise conciliante, qui me permet de quitter relativement tôt pour aller aux entraînements. Ce n’est pas le cas de tout le monde. »

Même s’il a bien évolué ces dernières années, cela montre que le football féminin n’a pas encore fini de se développer…

 

« C’est sûr. Déjà, je pense qu’il serait nécessaire d’obtenir a minima un statut semi-professionnel par rapport à l’investissement que l’on met dans le foot. C’est la passion qui nous fait tenir, mais ça demande beaucoup de sacrifices. Pour autant, et notamment à l’Estac, il y a de nombreux changements positifs depuis quelques années, ça ne cesse de grandir. Mais il reste du chemin à parcourir. »

 

Enfin, quels sont tes objectifs, à plus ou moins long terme ?

 

« Déjà, on va parler de court-terme car j’approche des 30 ans et de la fin de ma carrière. Je sais que ça va m’arracher le cœur d’arrêter mais je manque beaucoup de moments en famille et ça demande un investissement que je ne suis sans doute plus capable de tenir pendant encore longtemps. Mais mon principal objectif est collectif, c’est le maintien. On a galéré pour monter alors il faut tout donner pour se maintenir. Puis pourquoi pas faire un petit parcours en Coupe de France et affronter une grosse équipe… »

Et pour conclure, le mot de la fin…

 

« C’est une vraie fierté pour moi d’avoir passé 14 saisons à l’Estac et j’ai à cœur de remplir l’objectif maintien car j’aime mon club et j’aime ma ville. J’ai les couleurs « bleu et blanc » dans le sang ! »



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