Clap de fin pour Charlotte Bertholle

Figure emblématique de l’équipe féminine du club, Charlotte Bertholle a décidé de tourner la page. Après 15 saisons à l’ESTAC, la serial buteuse raccroche les crampons. Entre souvenirs marquants et attachement au club, elle revient avec émotion sur sa carrière.

Charlotte, pourquoi as-tu décidé d’arrêter ta carrière ?

Il était temps pour moi de dire stop. Si je me sens encore bien physiquement, cela fait déjà deux ou trois ans que je ressens une certaine usure mentale. Le rythme des entraînements devenait compliqué à gérer après les journées de travail. Aujourd’hui, j’ai envie de changer de priorités. Je pense avoir fait mon temps. Aux plus jeunes désormais de prendre le relais !

Qu’as-tu ressenti lors de ton dernier match, la semaine dernière face à Blénod (8-0) ?

C’était un match particulier. Je savais que c’était le dernier, mais je ne réalisais pas vraiment. J’avais les jambes qui tremblaient. Je voulais finir sur une bonne note, avec une victoire et si possible un dernier but. J’ai été très touchée par les attentions de mes coéquipières, les applaudissements… J’espère avoir laissé une belle image, avoir apporté quelque chose à chacune. Et qu’on se souviendra de nos bons moments ensemble.

Quand et comment es-tu arrivée à l’ESTAC ?

Je suis arrivée à l’ESTAC lors de la saison 2010/2011, j’avais 15 ans. Avant cela, j’avais joué à la Vaudoise. J’ai ensuite intégré la section sportive du lycée Marie Curie dès sa création, encadrée par Thierry Blanchot et Hervé Vincent, alors entraîneurs de l’équipe féminine. Ne pouvant plus jouer avec les garçons, rejoindre la section féminine du club était la suite logique.

Tu occupais depuis plusieurs saisons un rôle important au sein de l’équipe, à la fois sur et en dehors du terrain…

Par mon poste et mon expérience, mon rôle principal était de marquer des buts. Je savais que si je n’étais pas performante, cela pouvait impacter l’équipe. J’ai toujours essayé de faire de mon mieux, et ça m’a plutôt bien réussi.

Avec l’ancienne formule du championnat de R1, on jouait notre saison sur un seul match, donc la pression était forte. Mais avec le temps, j’ai appris à me détacher de cette pression.

Puis en tant que cadre, je tenais à ce que tout le monde se sente intégré et puisse performer. J’aimais conseiller, encourager, haranguer les plus jeunes. Être capitaine m’a poussée dans ce sens : transmettre, responsabiliser, faire grandir.

Quels sont tes meilleurs souvenirs sous le maillot troyen ?

Le match de la montée en D3 restera inoubliable. On courait après cette montée depuis des années. Jouer à domicile, gagner 6-0, inscrire un quadruplé devant nos proches… C’est mon plus beau souvenir.

La même saison, on a aussi soulevé la Coupe du Grand Est, un autre moment fort. Et même notre participation à la D3, malgré les résultats difficiles, reste marquante : de longs déplacements, des adversaires solides, un niveau de jeu relevé. Une saison difficile mais enrichissante.

Pourquoi avoir choisi de rester aussi longtemps à l’ESTAC malgré des propositions extérieures ?

Pour l’amour du club. Quand Reims a relancé sa section féminine et est monté en D2, ils ont tenté de me recruter. Mais c’était dur d’imaginer jouer chez le rival historique et de porter un maillot rouge et blanc…

Même la saison dernière, après avoir fini quatrième meilleure buteuse de D3, j’ai reçu plusieurs propositions. Mais toute ma vie est ici. Je ne voulais pas tout quitter alors que je savais que la fin approchait.

Quel souvenir gardes-tu de ta participation aux 125 ans du club, au sein de l’équipe des Légendes ?

On a été très touchées avec Marion (Stepien, capitaine de l’équipe féminine senior) par la volonté des Anciens de nous intégrer. Ce sont des joueurs qu’on regardait au stade ou à la télé plus jeunes. Partager ce moment avec Marion, avec qui j’ai tout connu ici et qui est l’une de mes meilleures amies, c’était incroyable. Jouer le match des Légendes, participer au tour d’honneur… on en gardera un souvenir à vie !

Quel regard portes-tu sur l’évolution du football féminin ?

La création de la D3 était indispensable pour combler le fossé entre la R1 et la D2. Le nouveau format de la R1 aussi est intéressant, notamment grâce aux matches contre des équipes d’Alsace, où le niveau est relevé. Cela permet de progresser chaque week-end.

Même au niveau départemental, on voit que les choses bougent : les petits clubs s’investissent, le football féminin gagne en visibilité. C’est encourageant.

T’imagines-tu transmettre ton expérience dans le futur, devenir éducatrice ?

Coacher, accompagner les jeunes, ça pourrait me plaire. Le foot va clairement me manquer, je suis une vraie passionnée. Et j’aurai toujours cette envie de transmettre ce que j’ai vécu. Mais pour le moment, j’ai besoin de couper un peu.

Un dernier mot pour les supporters troyens ?

J’espère que les supporters s’intéresseront encore plus à l’équipe féminine. Les filles se donnent à fond, aiment ce club et méritent d’être soutenues. Et j’espère aussi que le club continuera de soutenir sa section féminine, pour retrouver un jour le niveau national. Cette équipe le mérite ! Merci à tous mes entraîneurs et toutes mes coéquipières pour ces belles années !

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